Interview : Shirish Narang : « Les 15 points de pénalité attribués à Crank It Up sont très sévères »

8 Jul 2022

Une première place au classement, avec 10 victoires déjà à son palmarès et des gains s’élevant à Rs 1 568 000, l’entraîneur Shirish Narang ne pouvait s’attendre à mieux après six journées de courses. Dans cet entretien, livré à cœur ouvert à People’s Turf, ce dernier parle de ce début de saison exceptionnel, de la pénalité accordée à Crank It Up après sa victoire de samedi, de son effectif, de ses nouveaux chevaux qui débarqueront incessamment et surtout de l’entrée en scène de la People’s Turf PLC (PTP) dans le giron.

 

Shirish, déjà 10 victoires et une première place au classement des entraîneurs. C’est certainement une grosse source de satisfaction pour votre établissement en ce début de saison, n’est-ce pas ?

Définitivement. On a travaillé dure pendant l’intersaison. On a maintenu une certaine constance au niveau de l’entraînement des chevaux et on a également suivi le rythme sur la nourriture qu’on leur a accordée. Les résultats reflètent tous nos efforts fournis pour présenter nos chevaux au mieux de leurs possibilités lors de chaque journée. On n’a pas un effectif étoffé, mais nous possédons des coursiers très valables dans leurs catégories respectives, qui ont bien couru depuis le début de la saison.

Vous savez, en tant qu’entraîneur, il faut établir un plan de travail bien spécifique pour chaque cheval. Vous allez constater que différents jockeys ont triomphé sous nos couleurs depuis le coup d’envoi. Volatile Energy avait besoin d’un ‘claimer’ pour pouvoir triompher et l’apport des 3kg de l’apprenti Alvinio Roy l’a beaucoup avantagé. Cela s’applique également à Arnica Montana, qui a bénéficié pleinement de la remise de 3kg de l’apprenti Nabeel Sheik pour faire la différence. Donc, il fallait dénicher l’apprenti idéal et cela m’a donné raison. Il faut aussi tirer notre chapeau à Jameer Allyhosain et Mayeven Chinapiel, qui sont en selle sur pratiquement tous mes chevaux à Port-Louis et Floréal respectivement.

 

Crank It Up vous a offert votre première victoire principale cette saison. Il a, du coup, ouvert son palmarès mauricien. Il semble que c’était une « targeted race »...

Oui. On était confiant qu’il allait réaliser une très bonne course samedi. Ce n’est pas un champion, mais c’est un coursier très honnête. Si vous jetez un coup d’œil sur son palmarès sud-africain, vous verrez qu’il est un ‘four-time winner’ sur 1600m et qu’il a toujours fini dans les places. Je suis très déçu de la façon dont la Duchesse a été organisée. On n’a pas eu le temps nécessaire pour préparer le cheval en vue de cette épreuve. Le plan avec lui, c’était de lui donner un ‘barrier trial’ deux semaines avant la course, mais cela n’a pu être réalisé que le mercredi précédent notre première classique. Aussi, il n’avait pu effectuer suffisamment de galops et manquait de travail. Malgré tout, il avait pris une honorable 3e place derrière un certain Royal Wulff. Il avait beaucoup progressé et il l’a confirmé en course samedi. Je remercie sincèrement l’entraîneur Samraj Mahadia, qui a autorisé son jockey, José De Souza, d’être en selle sur Crank It Up. Le brésilien a été l’auteur d’un très bon ‘jockeyship’.

 

Quelle est votre point de vue après les 15 points de pénalités attribués par le handicapeur à la suite de cette victoire ?

C’est énorme. Je ne m’attendais pas à ce que le handicapeur soit aussi sévère à l’encontre de Crank It Up après son succès. Je ne suis pas d’accord avec ce pointage et je compte le contester en appel. Suite à cette pénalisation, le cheval ne pourra courir qu’à poids pour âge contre les meilleurs compétiteurs sur notre piste. C’est encore tôt pour juger si Crank It Up est un coursier de Groupe, mais c’est un bon cheval.

 

Liverpool Champ était très attendu, mais il s’est contenté d’une modeste 5e place à l’arrivée dans la quatrième course. Pouvez-vous nous décrire sa performance de samedi ?

Liverpool Champ n’a pas été si mauvais, mais j’avoue que je m’attendais à mieux de sa part. Il ne faut pas oublier qu’à sa rentrée, il portait seulement 55kg sur le dos et avait évolué sur une distance de 1450m. Cette fois-ci, il était aligné sur 1600m avec un lourd handicap de 61 kg. Ce qui pourrait expliquer sa contre-performance. Je dois le réévaluer et essayer de savoir s’il lui manque un quelconque équipement.

 

Your Pace Or Pace, un coursier que vous estimez énormément, a été un « beaten favorite » à sa rentrée. Il y a-t-il une raison spécifique derrière cette défaite ?

Je pense que les vrais turfistes peuvent tirer leur propre conclusion sur la façon dont cette course s’est déroulée. Malgré les circonstances défavorables, il fallait être un bon coursier pour pouvoir terminer à une longueur du vainqueur. Your Pace Or Mine a très bien pris sa course et il a même amélioré sa condition. La seule raison pour laquelle n’a pas couru depuis, c’est qu’il n’y a pas eu d’épreuve adéquate pour lui. Mais le cheval se porte bien et on le verra en piste très bientôt.

 

Six Degrees a également été une petite déception lors du troisième acte. Comment expliquez-vous cette performance ?

Six Degrees est un sujet très honnête dans son ‘benchmark’. Il s’était cogné légèrement en course à sa rentrée, ce qui m’a poussé à lui accorder une semaine de repos. Le cheval s’est bien repris et sera aligné en compétition incessamment.

 

Vous avez accueilli récemment dans votre ‘yard’ Crazy Charlie et Iditarod Trail de la défunte écurie Gilbert Rousset. Comment évaluez-vous ces chevaux ?

Ces chevaux ont atterri dans notre écurie dans de bonnes dispositions. Crazy Charlie devra passer un ‘barrier test’ avant de courir de nouveau. Iditarod Trail se trouve dans une belle forme et il assimile très bien ses ‘work outs’.

 

Parlez-nous de vos nouvelles acquisitions qui se trouvent toujours en Afrique du Sud ?

Nous avons neuf nouveaux chevaux que nous avons acquis en décembre dernier. Par rapport à l’incertitude qui régnait autour du coup d’envoi de la saison, nous avons décidé de ne pas les faire venir plus tôt. Nous sommes désormais en contact avec Michel Nairac et six d’entre eux formeront partie du prochain batch qui débarquera sur notre sol. Parmi eux, il y a Love On Time, un two-time winner que j’aime énormément et qui devra être idéal pour notre piste. Portrayal est un coursier qui a remporté une victoire et qui devrait aussi bien faire chez nous. Electric Warrior est un cheval bien né. C’est un stayer sur lequel nous fondons beaucoup d’espoir.

 

Shirish Narang, la saison hippique 2022 a vu l’entrée en matière d’un nouvel organisateur de courses, People’s Turf PLC (PTP). Comment avez-vous accueilli cette instance ?

Très favorablement. Je n’ai rien à reprocher au MTC, mais avec les difficultés que le Club a rencontrées pour démarrer la compétition, il fallait que PTP prenne l’initiative de lancer la saison. Le coup d’envoi aurait dû être donné le 23 avril et on s’était bien armé. Du reste, on avait quelques bons prétendants qui avaient tiré de bonnes lignes, mais on ne peut pas se plaindre car on s’est bien défendu par la suite.

 

En tant qu’entraîneur, avait vous des propositions à soumettre à PTP pour améliorer le système ?

Ce n’est pas vraiment une proposition. Mais je souhaiterai que les deux instances, PTP et la MTCSL puissent collaborer. Ce serait la meilleure des choses pour tout le monde, surtout pour l’industrie hippique, que les deux parties puissent accorder leurs violons et travailler pour l’avancement des courses.

 

Shirish, vos chevaux courent bien. Il y a-t-il un coursier en particulier que vous aimez et que vous souhaiteriez voir triompher ?

Je ne vous cacherai pas que Heart Of Darkness est un coursier que j’ai à cœur. Le cheval a effectué une bonne rentrée et cela me procurait beaucoup de satisfaction s’il arrive à signer au moins une victoire cette saison. Il y a aussi James Peter, qui a maintenu une belle forme après sa victoire, et que je pense sera un ‘big runner’ à nouveau la prochaine fois.