Interview - Abhishek Gujadhur : « Le principal objectif de The Gatekeeper reste le Ruban bleu »

26 Aug 2022

L’écurie Rameshwar Gujadhur tient en The Gatekeeper un redoutable compétiteur, qui reste d’ailleurs, invaincu en trois courses cette saison. Abhishek Gujadhur, membre de cet établissement et également fils de l’assistant-entraîneur Subiraj Gujadhur, revient sur le parcours et les ambitions avec le fils de Dynasty. Il nous parle également de la performance de l’écurie Rameshwar Gujadhur depuis le début de la saison, et aussi de la People’s Turf Plc (PTP), nouvelle organisatrice de courses.

 

Abhishek Gujadhur, The Gatekeeper a remporté sa troisième victoire consécutive samedi et il reste invaincu sur notre piste. C’est certainement une grosse source de satisfaction pour l’écurie, n’est-ce pas ?

Tout à fait. Dès le début, en procédant à l’acquisition de The Gatekeeper, nous savions que c’était un très bon cheval. Il l’a confirmé en remportant trois victoires consécutives, conservant son invincibilité jusqu’à présent au Champ de Mars. Cependant, il faut être réaliste. Samedi, il a devancé un champ relativement faible, notamment Patrol Officer et Spring Man. Patrol Officer est resté sans victoire l’année dernière, alors que Spring Man n’a remporté qu’une course en 2021. Royal Wulff était l’un de nos concurrents directs, mais il a démontré que les 1850m étaient trop longs pour ses réelles aptitudes.

Holy Warrior avait grandement besoin de sa première course, tandis que Favour a encore une marge de progression. Nourbese, lui, n’a devancé que Battle Of Alesia, Backpacker et Padre Pio en 2021 et il tarde à s’affirmer cette saison. Tout cela pour vous dire que The Gatekeeper n’a pas battu grande chose samedi. Spring Man n’est pas un Alshibaa et on est conscient de cela. C’est sûr que l’opposition sera plus ‘tough’ pour The Gatekeeper, qui devra nous prouver qu’il est vraiment un bon coursier lorsqu’il affrontera les meilleurs de l’île.

 

The Gatekeeper a toutefois gagné dans un joli style, samedi. Parlez-nous de cette épreuve.

Je vais être franc avec vous, la course s’est déroulée bizarrement. Le jockey Anthony Andrews a complètement réduit le pas avec Padre Pio dans la partie initiale et il avait même du mal à garder son cheval sur les barres après le premier tournant. Cela a occasionné un effet domino sur les chevaux qui le précédaient car plusieurs jockeys ont dû reprendre leurs montures.

C’est inacceptable que les Commissaires de courses arrivent à tolérer ce genre de montes qui semblent être de plus en plus fréquentes. Ce n’est pas possible que les chevaux fassent du 13 ou 14 secondes sur 200m en course. Je comprends que les jockeys essayent de préserver le maximum de ressources pour l’emballage final, mais en partant à cette vitesse, ils peuvent causer des incidents et c’est vilain à voir.

Les ‘Racing Stewards’ doivent être plus sévères par rapport aux ‘handlings’ de ce type. Au final, The Gatekeeper a réussi à enlever la course et c’était ça l’essentiel.

 

Vos intentions se précisent-elles avec The Gatekeeper dans la Maiden Cup ?

Effectivement. Le Ruban bleu sera la prochaine course et le principal ‘target’ pour The Gatekeeper. Nous aurions aimé passer par les 2200m prévus pour le 11 septembre lors de la 20e journée, mais le Maiden, programmé pour le 2 octobre lors la 22e journée sur 2400m,  arrive trop vite par rapport à cette épreuve. Nous préférons ainsi aligner le cheval directement dans notre plus grand classique de la saison pour qu’il puisse avoir le maximum de temps pour se préparer. Mon père prendra toutes les décisions au niveau de l’entraînement du cheval. Et après avoir entrainé White River, qui a déjà remporté cette prestigieuse épreuve, je ne peux rien lui reprocher.

 

The Gatekeeper a évolué jusqu’à 2200m en Afrique du Sud. Etes-vous confiant de sa tenue sur le 2400m ?

The Gatekeeper est un fils de Dynasty et de Champers. Selon son pedigree, il devrait certainement avoir la distance dans les jambes. D’ailleurs, la plupart des chevaux qui ont couru sur 2000m, voire 2200m en Afrique du Sud, se sont bien comportés sur 2400m au Champ de Mars. Je prends comme exemple Twist Of Fate, qui s’était aventuré jusqu’à 2200m en Afrique du Sud et qui a bien couru dans le Maiden 2021. Alors qu’Alshibaa s’est développé en un très bon stayer même s’il n’avait pas couru au-delà des 1800m dans son pays natal. Croisons les doigts et espérons que The Gatekeeper nous démontre ce qu’il vaut vraiment dans le Ruban bleu.

 

Abhishek, l’écurie Rameshwar Gujadhur est actuellement à la sixième place avec Rs 2 320 000 comme ‘stakes money’. Comment évaluez-vous la performance de l’établissement jusqu’à présent ?

On ne peut pas se plaindre mais cela aurait pu être mieux. Nous avons vendu quelques chevaux, alors que certains de nos coursiers ne sont pas sains. Nous n’avons pas beaucoup investi dans l’achat de nouveaux. Dans ces conditions, on ne peut qu’être satisfait de notre performance jusqu’ici.

 

Justement, quelles sont les raisons derrière la vente de ces quelques chevaux ?

Ce n’est pas évident d’avoir désormais un gros effectif. Les courses sont passées par des moments difficiles pendant ces deux dernières années avec la Covid-19. Les ‘stakes money’ ont subi une baisse conséquente suite aux effets de la pandémie. Mon père, qui assure la responsabilité de l’écurie, a aussi un emploi du temps assez chargé par rapport à ses engagements professionnels. C’était donc inévitable de se séparer de quelques coursiers afin de se concentrer sur un effectif restreint qui est beaucoup plus facile à cerner.

 

White River a marqué l’histoire du turf avec le Grand Chelem en 2019 en enlevant les quatre courses classiques. Pouvez-vous nous donner de ses nouvelles de ce valeureux cheval ?

White River profite actuellement d’une retraite bien méritée au centre de Poste Lafayette au bord de la mer. Il travaille deux à trois fois la semaine, tout en nageant régulièrement. Il est « happy » là où il est. Il nous a tant donné et c’est un signe de reconnaissance que de prendre soin de lui pour tous les moments forts qu’il nous a procurés. C’est aussi le cas pour Hard Day’s Night, qui se trouve au même endroit.

 

Dynamite Jack tarde à se retrouver cette année. Comment qualifiez-vous son manque de résultat jusqu’à présent ?

Dynamite Jack commence graduellement à retrouver ses moyens. Il n’avait pas démérité la dernière fois derrière Padre Pio et Triple Fate Line. Le dernier nommé n’était pas parti vite aux avant-postes, et Padre Pio, qui l’avait talonné sur le parcours, a pu le dominer à la fin. Vous avez dû constater que les trois chevaux se trouvant dans le peloton de tête ont fini dans le tiercé. Donc, notre représentant a été quelque peu desservi par le pas. C’est sûr qu’il a progressé et devrait se tirer d’affaire dans les journées à venir.

 

Universe Boss a bien couru la dernière fois sur 1850m. Pouvez-vous confirmer si le cheval a encore progressé ?

Universe Boss est un coursier de longues distances, qui a évolué jusqu’à 2400m en Afrique du Sud. C’est un grand cadre et il a démontré que plus le parcours est long, mieux c’est pour lui. Il y a un 2200m qui est prévu lors de la 18e journée pour les chevaux d’un ‘benchmark’ de 31 et il sera de la partie.

 

Abhishek, comment avez-vous accueilli l’entrée en scène de la People’s Turf Plc cette saison ?

Très favorablement. Il y avait beaucoup d’incertitude concernant le coup d’envoi de la saison hippique 2022 et c’est en grande partie grâce à la People’s Turf Plc que la saison a pu prendre son envol. Je constate que pour une nouvelle organisatrice de courses, PTP se perfectionne de semaine en semaine, bien qu’il y ait beaucoup de choses à améliorer.

Je n’ai pas eu l’occasion de venir assister à une journée de courses organisée par la PTP, mais visuellement, beaucoup de choses ont évolué positivement. Comme les horaires de courses, qui sont désormais respectées. De même que la construction des ‘boxes’, équipés de climatiseurs, qui a permis aux chevaux de ne plus se déplacer de la rue Shakespeare, passant par celle d’Eugène Laurent, pour accéder au paddock de la PTP. Je crois qu’avec de l’expérience la People’s Turf Plc deviendra encore plus forte dans l’organisation des courses.

Par contre, j’estime qu’au lieu d’augmenter les ‘stakes money’ pour les non-placés, la PTP aurait pu augmenter les ‘stakes money’ pour les chevaux qui sont placés. Il ne faut pas aller vers un nivellement vers le bas où on encourage la participation de n’importe quel cheval. Encourageons plutôt l’importation de meilleurs chevaux. Si les ‘stakes money’ pour la victoire sont plus conséquents, on aura de meilleurs chevaux à Maurice. Comme par exemple, l’argent en jeu lors du Derby était tout de même alléchant, d’ailleurs, plus conséquent que le Barbé. Cela dit, j’espère que la PTP et le MTC puissent trouver un accord, car c’est vraiment triste de voir une partie du CDM complètement vide les samedis.

 

Vous êtes retourné à Dubaï suivant vos engagements professionnels après la belle victoire de The Gatekeeper. Est-ce que vous serez de retour pour le Maiden pour le voir en action ?

J’espère bien. Vous savez, le travail passe avant tout. Les courses hippiques sont une passion pour nous. Mais j’essaierai de ne pas manquer cette course dépendant de mes engagements professionnels.

 

Y-a-t-il un cheval en particulier que vous aurez aimé voir triompher sous les couleurs de l’écurie Rameshwar Gujadhur au fil des journées ?

Alyaasaat. C’est un coursier qui avait mis fin à l’invincibilité de notre très estimé White River et nous sommes ravis de l’avoir dans notre ‘yard’. On prend beaucoup de patience avec lui car on est conscient de son potentiel. C’est mon souhait de le voir triompher sous nos couleurs prochainement.