M. RAKOTOARISOA Michelson, Président de l’Autorité Hippique pour les Courses et l’Elevage des Chevaux à Madagascar (A.H.C.E.L) : “Cette alliance ACHEL-PTP a pour but de laisser un héritage aux générations futures”

13 Sep 2022

Il a grandi parmi les chevaux. Agé de 89 ans, le Président de l’AHCEL veut accomplir une dernière mission. Michel Lee Shim et moi avons les mêmes visions. Nous avons un but commun qui est de mettre en place les structures portant principalement sur le BREEDING des chevaux dans la grande île et le développement des courses, tant à Madagascar qu’à l’Ile Maurice, à travers un partenariat basé sur la sincérité et l’honnêteté et sur le principe gagnant-gagnant, afin de laisser un héritage aux générations futures, sinon je n’aurai pas fait ce déplacement à Maurice.

On a rencontré ce bonhomme 24 heures avant son départ pour la grande île à l’Hôtel Labourdonnais (ndlr le lundi 12 septembre). Lorsqu’il parle de l’élevage de chevaux son visage s’illumine. On sent dans ses paroles un amour profond pour la plus belle conquête de l’homme qu’est le cheval. Pendant son enfance, il a vécu parmi les chevaux de son père et il raconte entre autres que lorsque qu’il lui arrivait d’être triste, il allait directement vers l’écurie pour raconter sa peine à son cheval préféré qui semblait le comprendre.

 

M. RAKOTOARISOA Michelson, présentez-vous à nos lecteurs.

J’ai passé plus de 80 ans de ma vie avec les chevaux car mon père était éleveur de chevaux de course à Madagascar. J’ai monté à cheval dès l’âge de 13 ans mais je n’ai pu monter en course que lorsque je travaillais à la banque car ma mère me l’interdisait. J’ai été aussi banquier depuis l’âge de 19 ans et cela jusqu’à ma retraite anticipée (55 ans). Je suis père de deux garçons, l’aîné travaille actuellement à Newmarket pour le compte de l’Ecurie Godolphin et le deuxième travaille avec moi comme responsable technique concernant le programme des courses.

 

Vous avez consacré une grande partie de votre vie à l’amélioration de la race équine et à l’organisation des courses, allant même jusqu’à refuser un poste important à la banque pour rester auprès des chevaux. L’AHCEL c’est votre bébé, expliquez-nous un peu tout cela et l’idée derrière sa création.

J’ai créé pas mal d’associations pour organiser les courses, j’ai rencontré beaucoup de difficultés compte tenu des changements qui s’opèrent au niveau de la politique et les crises qui en découlent. Finalement je suis arrivé à créer l’AHCEL qui est aujourd’hui l’autorité hippique à Madagascar. Je partage la même philosopie que Jean Michel Lee Shim qui est d’ouvrir les courses hippiques au public sans distinction aucune tout en faisant beaucoup d’activités sociales. Je suis toujours du côté des éleveurs de chevaux qui sont à 80 % des paysans à Madagascar. Les paysans ont beaucoup souffert pendant des années vu que les courses se déroulaient dans la capitale à Antananarivo. Pour venir faire courir leurs chevaux à l’hippodrome de Mahamasina qui se trouve dans la capitale, ils prenaient le train ou faisaient le trajet à pied et cela consiste à parcourir 150 à 200 km. Ensuite, ils devaient trouver un lieu pour dormir et garder leurs coursiers dans la même chambre. Beaucoup de propriétaires dormaient au final avec leurs chevaux dans une même chambre. J’ai donc commencé à décentraliser les courses vers les hippodromes qui se trouvaient en dehors de la capitale, le premier était à Ambatolampy, à 70 km de Tana, un 2ème à Antsirabe qui est à 180 km. Cela permettait aux éleveurs de rester chez eux et d’éviter l’exode rurale.

 

 

Vous êtes déjà venu à Maurice…

Je suis déjà venu assez souvent dans votre île comme touriste d’abord et une année, sur la demande de Mr. Jean Halbvachs que je connaissais très bien. On avait même à l’époque organisé une course malgacho-mauricienne d’où la présence de 5 jockeys malgaches pour participer aux courses avec les jockeys mauriciens. Sir Gaétan Duval alors Vice Premier Ministre voulait que les deux îles travaillaient ensemble. Et la dernière fois comme invité du MTC  à l’occasion de son bicentenaire.

 

Vous aviez assisté aux courses organisées par le MTC. Vous avez vécu un week-end de courses par le PTP qui n’a que 3 mois d’expérience. Qu’en pensez-vous ?

C’est une bonne organisation qui promet un bel avenir pour les courses de chevaux même si certaines choses restent à peaufiner. Le PTP a des gens qui ont de l’expérience.

 

L’AHCEL avait accueilli une délégation mauricienne dirigée par Jean Michel Lee Shim à Madagascar. Quelles sont les retombées de cette discussion ?

D’abord je profite de l’occasion pour  remercier cette délégation de sa visite. C’était une première prise de contact. La suite sera plus précise. Mais d’ores et déjà on espère aboutir à quelque chose d’intéressant pour les deux pays.

 

L’élevage des chevaux reste la priorité sur ce qu’on a pu comprendre ?

C’est vrai que l’élevage de chevaux à Madagascar a été discuté mais le principal objet était les courses et notre partenariat. Il y a d’autres sujets qui ont été abordés.

Maurice n’est pas un pays d’élevage, c’est un terrain de compétition comme Hong Kong ou autres. A mon avis les mauriciens, en tant qu’hommes d’affaires, pensent uniquement à faire courir les chevaux pour fructifier leur argent. Or les courses hippiques sont remplies de défis très intéressants et passionnants car c’est le résultat des efforts fournis par les entraîneurs et les jockeys.

 

Que peut-on s’attendre de cette relation à l’avenir ?

Cela devrait être une volonté réciproque d’apporter ce qu’il y a d’expérience de la part des deux pays pour aller de l’avant. Ce n’est pas une demande d’aide de l’un ou de l’autre mais ce sera une coopération franche et durable. Par exemple, nous n’avons pas suffisamment de médicaments pour traiter les chevaux et l’Ile Maurice pourrait nous faciliter pour les obtenir. De l’autre côté, nous avons de la nourriture pour chevaux  pour exporter vers l’Ile Maurice  et c’est là le système de gagnant-gagnant.

 

Pourtant à Maurice, les gens arrivent difficilement à comprendre la vision de Jean Michel Lee Shim. Vous l’avez rencontré, qu’avez-vous à dire ?

J’ai vu l’homme gentil, sociable et travailleur. Je ne le connais pas assez personnellement mais d’après mon analyse il sait où il va. J’espère qu’il va réussir à concrétiser ce projet car les courses de chevaux l’intéressent énormément. Je ne comprends pas trop cet acharnement contre lui alors qu’il est en train d’assurer l’avenir des courses hippiques dans un esprit de vouloir aider les gens.

Vous avez vécu pendant longtemps dans un système qui ne favorise pas la majorité de la population mais Jean Michel Lee Shim est arrivé et veut porter les courses vers le public, vers le social. Michel Lee Shim a brisé quelque chose de très important dans votre structure ; j’en ai fait pareil à Madagascar. J’ai formé des jeunes défavorisés pour être des jockeys instruits d’où la création d’une école de courses hippiques dénommée « ECHEL» qui pratiquait en même temps l’enseignement général  et l’équitation.

La formation de jeunes mauriciens issus de famille défavorisée devrait être une priorité pour éviter de faire venir des jockeys étrangers.

Cette alliance AHCEL-PTP a pour but de laisser un héritage aux générations futures dans le domaine des courses et l’élevage des chevaux de race et d’entretenir les relations entre les deux entités.