20 Oct 2022
Après Jean-Michel Lee Shim, le 6 octobre dernier, c’est au tour de Kamal Taposeea et d’Henri Leblanc de claquer la porte du Mauritius Turf Club (MTC). En effet, ces deux membres de très longue date du MTC ont soumis leur démission à Benoit Halbwachs, secrétaire du club, le mardi 18 octobre et le mercredi 19 octobre respectivement. Comme dans le cas de Jean-Michel Lee Shim, la démission de ces deux hommes est accompagnée d’une missive sur l’état général du club de la rue Eugène Laurent.
En effet, c’est un secret de Polichinelle qu’un groupe au sein du MTC cherchait, à n’importe quel prix, à couper les têtes de ceux qu’ils estiment ne marchent pas sur leurs ordres ou qui ont décidé de prendre un chemin différent. Sans étonnement, la rumeur à commencer à circuler bien avant que l’agenda de l’Assemblée générale du MTC, qui se tient ce vendredi 21 octobre au siège du Club, ne soit rendu public que les têtes mises à prix étaient celles de Jean-Michel Lee Shim, Kamal Taposeea et Henri Leblanc.
Ultime tentative d’humiliation
Dans une ultime tentative d’humiliation, le bras armé du MTC a décidé que ce sera deux parfaits inconnus au bataillon des courses, nommément Frédéric Curé et Edward Sardes, qui présenteront cette motion d’expulsion. Toutefois, mention doit être fait que l’un des deux auteurs de la motion d’expulsion du duo Taposeea-Leblanc, Frédéric Curé n’est pas un inconnu dans le monde politique. Il est, en effet, un ex-candidat du MMM dans la circonscription No15 (La Caverne-Phoenix) aux dernières élections générales de 2019. Il est membre du Comité central du MMM et aussi le gendre de Paul Bérenger.
Tout laisse croire, à bien des égards, que la décision de venir avec les expulsions de Jean-Michel Lee Shim, de Kamal Taposeea et d’Henri Leblanc a pour toile de fond des grosses ramifications politiques. Ce n’est un secret pour personne que le MMM de Paul Bérenger a en horreur tout ce qui concerne de loin ou de près à l’homme d’affaires Jean-Michel Lee Shim et c’est un secret pour personne qu’au sein du MTC, les parties de l’opposition y sont bien ancrées. A l’instar même du président d’un jour et dont le nom ne figurera jamais sur le fameux « Président List » dans le salon d’honneur du MTC, Anil Kumar Ramnarain, qui s’affiche ouvertement comme un agent rouge sur sa page Facebook et ailleurs.
« Les vrais inspirateurs restent dans l’ombre »
Visiblement, la démarche de l’antichambre politique du MTC tombe à l’eau, voire en eau de boudin avec cette double démission. « De prendre connaissance de l’initiative de M. Frédéric Curé et M. Edward Sardes d’une sollicitation aux membres du MTC pour mon extradition du club est tout simplement affligeant, mais loin d’être surprenant. Cette initiative traduit bien un besoin de revanche d’impuissance, les vrais inspirateurs restent dans l’ombre », peut-on lire dans la lettre de démission de Kamal Taposeea, envoyée à Benoit Halbwachs.
Celui qui occupe aussi les fonctions de président du board du PTP, souligne aussi dans sa lettre, qu’il a eu l’honneur de présider ce club pendant trois ans et d’avoir, en retour, reçu des satisfécits de la part des membres. Y compris sur le retour à la normale des comptes du MTC.
Dans sa lettre, Kamal Taposeea reproche, entre autres, au MTC sa décision de se « foudroyer dans la politique politicienne avec une étonnante courte vue » et le refus du club de prendre la main tendue pour trouver un équilibre harmonieux de ce qui est devenu un bras de fer perdu d’avance avec l’Etat. « Un club qui a choisi d’accorder la priorité au retour des prérogatives d’un monde d’antan, alors que ma priorité en tant que président a toujours été la survie de l’industrie hippique, et de ce fait, la survie des emplois du MTC », a-t-il rappelé encore une fois.
Et d’ajouter que quant aux préjudices allégués au MTC de son appartenance à une entité sportive, ils sont risibles et ne semblent pas avoir fait échouer les accords opérationnels si l’on considère la manière dont les courses se déroulent depuis ces 6 derniers mois. « Je n’ai plus aucune envie d’être membre d’un club en désarroi qui n’a même pas été en mesure d’envoyer ses comptes dans les délais requis en vue de sa prochaine assemblée », dira Kamal Taposeea en guise de conclusion.
Henri Leblanc, un parcours exceptionnel depuis 1983
Pour sa part, Henri Leblanc a dans sa lettre de démission rappelée son parcours au sein du MTC comme membre fondateur et à vie depuis 2021. Il a rappelé qu’il a été propriétaire de nombreux chevaux jusqu’en 2010, fondateur et premier secrétaire de l’AEPS. Considérant qu’il n’a rien à prouver, Henri Leblanc souligne qu’il a beaucoup contribué tant au MTC qu’au monde hippique mauricien.
« Selon leur motion (NdlR : Curé et Sardes), étrangement acceptée et incluse à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale, ces deux Messieurs ont déjà conclu et jugé que je suis l’un des responsables des difficultés actuelles du Club, et se permettent même de donner des ordres aux prochains administrateurs d’entamer certaines démarches », écrit-il notamment. Et lancer aussi qu’il ne permettra pas une AG, comme en 2021, que certains esprits chagrins avaient lancé à son égard « bour le blanc dehors » et d’être le bouc émissaire à la situation actuelle du club « dont les dirigeants actuels en sont à mon avis les seuls responsables ».
Il va sans dire que cette triple démission porte de tout son poids dans la balance et démontre aussi à quel point la politique revancharde et cette chasse aux sorcières, qui a le symbole, dans sa quintessence, le MTC à une époque qu’on croyait révolue, est de retour.